Bangla Desh

The Concert for Bangladesh, 1971
 

Début 1971, George Harrison connaît une période on ne peut plus faste. Son légendaire All Things Must Pass connaît un succès immense, qui dépasse celui des productions de John Lennon et Paul McCartney publiées la même année. C'est une véritable revanche pour celui qui était longtemps resté dans leur ombre. Cependant, frapper un nouveau coup d'une telle ampleur est une tâche que Harrison compte repousser quelques temps. Produire un triple album n'a pas été de tout repos, et il est désormais temps de se consacrer aux projets de ses amis. Parmi eux, Ravi Shankar, avec qui l'ex-Beatle entretient une très bonne relation depuis qu'il s'est pris de passion pour l'Inde, et se concentre sur son bonheur spirituel.

Image de la pochette de Bangla Desh
L'image de victimes du drame se jouant au Bangladesh, affamées et désolées, affichée sur les pochettes du single et les documents promotionnels, a beaucoup contribué à la médiatisation de la situation qui y régnait.

Or, sa terre natale du Bangladesh ne connaît depuis peu que des catastrophes. Elle a dû subir, en novembre 1970, alors qu'elle était encore nommée Pakistan oriental, le cyclone Bhola et ses centaines de milliers de victimes. Le gouvernement Pakistanais ne prêtant aucune attention à la situation, le pays a pris son indépendance en mars 1971, ce qui ne fait qu'entraîner de nouveaux soucis. Comme souvent lorsqu'un pays prend son indépendance, l'affaire tourne à la guerre civile, qui se solde au printemps par de nombreuses victimes. Comme l'explique Shankar au magazine Rolling Stone, c'est lors d'un séjour à Friar Park qu'il s'entretient de la situation avec son ami. « J'étais d'humeur très triste, après avoir lu toutes ces tristes nouvelles, et j'ai dit : « George, voila la situation, je sais qu'elle ne te concerne pas, je sais que tu auras du mal à t'identifier à ça. » Mais pendant que je parlais à George, il était vraiment ému... et il a dit, « Oui, je crois que je vais pouvoir faire quelque chose ». »

Ce quelque chose se transforme en quelques semaines en une audacieuse initiative, le célèbre Concert for Bangladesh (en réalité au nombre de deux), le 1er août 1971 au Madison Square Garden, de New York. C'est la première grande initiative caritative organisée par une célébrité, qui plus est fortement sur le devant de la scène à ce moment là. Le succès ne peut donc qu'être au rendez-vous, d'autant que l'affiche du concert est alléchante. Outre Harrison, on y trouve Ringo Starr, Eric Clapton, Bob Dylan, Leon Russel, Billy Preston et bien entendu Ravi Shankar. Il reste à composer une chanson qui puisse fédérer et sensibiliser autour de l'événement. Elle sera sobrement nommée Bangla Desh.

Musiciens (supposés) :
  • George Harrison : chant, guitare
  • Klaus Voormann : basse
  • Jim Keltner : batterie
  • Ringo Starr : batterie
  • Jim Horn : saxophone
  • Billy Preston : orgue
  • Leon Russel : piano

Harrison en explique rapidement l'origine dans son autobiographie, I Me Mine : « J'en avais marre des gens qui disaient « Qu'est-ce que je peux faire ? » Et puis les réticences de la presse quand il s'agissait de rapporter tous les détails, faisaient  qu'il fallait attirer l'attention là-dessus. Donc la chanson Bangla Desh a été écrite spécialement pour attirer l'attention sur la guerre avant le concert. » Sur un conseil de Leon Russel, le début de la chanson revient d'ailleurs sur sa genèse, comment a germé l'idée du concert.

L'enregistrement est précipité : il se fait à Los Angeles début juin (probablement les 4 et 5), et l'équipe de musiciens n'est pas connue avec certitude. Il s'agit à priori de ceux qui joueront durant le concert, deux mois plus tard, avec notamment Ringo Starr et Jim Keltner à la batterie, Klaus Voormann à la basse, Leon Russel au piano, Billy Preston à l'orgue, et Jim Horn aux cuivres. La version qu'ils mettent en boîte ce jour-là est publiée en single à la fin du mois, avec en face B un titre plus anecdotique, Deep Blue. Le succès du single n'est pas comparable à celui qu'avait connu My Sweet Lord quelques mois plus tôt, ni avec celui que connaîtra l'album tiré des concerts. Il remplit cependant son office : grimpant en 10e position des charts britanniques, en 23e aux États-Unis, il permet de faire parler de la situation du pays, et d'une façon d'autant plus décisive que le pays y est nommé Bangladesh, nom que les journalistes rechignent encore à utiliser lorsqu'ils traitent le conflit. Ceci, combiné aux photographies choquantes de gens affamés publiées sur la pochette contribuent à faire rentrer la crise dans les esprits.

Cependant, il faut avouer que la version publiée en single a un côté assez poussif et étouffé ; elle est depuis devenue très rare, et ne peut-être entendue que sur la compilation The Best of George Harrison, sortie en 1975. C'est en effet la version enregistrée en live lors des concerts qui fait aujourd'hui date. Plus dynamique et endiablée, chantée par un George Harrison ému par sa cause et soutenu par la foule, elle prend une nouvelle dimension. Cette version peut-être écoutée sur l'album tiré des concerts, et vue dans le film qui en a été réalisé (où les vues du spectacle sont entrecoupées d'images des souffrances des victimes de la crise, donnant un air poignant à l'ensemble).

Bangla Desh n'est pas forcément le titre le plus mélodique de George Harrison, bien qu'il laisse place à de très bons solos, et à un air finalement assez mémorable. C'est surtout la sincérité et l'émotion qui en découlent qui le rendent important et donc incontournable.

Paroles :
My friend came to me, with sadness in his eyes
He told me that he wanted help
Before his country dies

Although I couldn't feel the pain, I knew I had to try
Now I'm asking all of you
To help us save some lives

Bangla Desh, Bangla Desh
Where so many people are dying fast
And it sure looks like a mess
I've never seen such distress
Now won't you lend your hand and understand
Relieve the people of Bangla Desh?

Bangla Desh, Bangla Desh
Such a great disaster - I don't understand
But it sure looks like a mess
I've never known such distress
Now please don't turn away, I want to hear you say
Relieve the people of Bangla Desh
Relieve Bangla Desh

Bangla Desh, Bangla Desh
Now it may seem so far from where we all are
It's something we can't neglect
It's something I can't neglect
Now won't you give some bread to get the starving fed
We've got to relieve Bangla Desh
Relieve the people of Bangla Desh
We've got to relieve Bangla Desh
Relieve the people of Bangla Desh
Mon ami est venu à moi, les yeux plein de tristesse,
Il m'a dit qu'il avait besoin d'aide,
Avant que son pays ne meure.

Même si je ne pouvais ressentir la douleur, j'ai su que je devais essayer
Maintenant, je vous demande à tous
De nous aider à sauver quelques vies.

Bangla Desh, Bangla Desh
Où tant de gens meurent vite
Et ça a vraiment l'air d'un bazar sans nom
J'ai jamais vu une telle détresse
Alors, n'allez-vous pas tendre la main et comprendre,
Relever le peuple du Bangla Desh ?

Bangla Desh, Bangla Desh,
Un désastre si immense - je ne peux le comprendre
Mais ça a vraiment l'air d'un bazar sans nom
Je n'ai jamais vu une telle détresse
Donc par pitié ne vous détournez pas, je veux vous entendre le dire
Relever le peuple du Bangla Desh
Relever le Bangla Desh

Bangla Desh, Bangla Desh
Alors ça peut sembler loin de là où nous sommes
C'est quelque chose qu'on ne peut pas négliger
C'est quelque chose que je ne peux pas négliger
Alors n'allez vous pas donner du pain à ceux qui meurent de faim ?
On doit relever le Bangla Desh
Relever le peuple du Bangla Desh
On doit relever le Bangla Desh
Relever le peuple du Bangla Desh



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