Brainwashed

Give me plenty of that guitar...
 

Brainwashed

Publié le 18 novembre 2002 chez Dark Horse Records et Parlophone
Enregistré de façon ponctuelle entre 1988 et 2001, terminé sans George en 2002
Produit par George Harrison, Dhani Harrison et Jeff Lynne
12 pistes, 47 minutes

Avec :

George Harrison (chant, guitares, banjo, ukulélé, clavier, cymbales...), Jeff Lynne (basse, guitares, piano, chœurs, percussions), Dhani Harrison (choeurs, guitares, piano), Jim Keltner (batterie)

Et la participation de :

Isabela Borzymowska, Joe Brown, Ray Cooper, Herbie Flowers, Bikram Ghoss, Jools Holland, John Lord, Marc Mann, Mike Moran

18e position aux États-Unis, 29e position au Royaume-Uni

Brainwashed est, très paradoxalement, le premier album de George Harrison que j’ai apprécié à sa juste valeur. Paradoxalement, puisqu’il n’est paru qu’après sa mort. Les albums posthumes sont souvent décriés, à juste titre : l’album de Michael Jackson qui avait fait l’objet de tant de publicité après la mort du chanteur a été, à sa sortie, une franche déception pour les fans. Beatlemaniaquement, Milk and Honey de John Lennon, a reçu un accueil mitigé, peut-être dû, il est vrai, à la présence de Yoko Ono sur le disque. Mais Brainwashed diffère dans la mesure où George l’a préparé jusqu’au bout, ponctuellement, entre la sortie de Cloud Nine et sa mort. Douze ans durant lesquels il a peaufiné son bijou. Alors que le cancer s’emparait de lui, il a trouvé la force, jusqu’au bout, de donner des instructions précises pour terminer le disque, ce dont se sont chargés son fils Dhani et Jeff Lynne avec un grand talent.

Dhani Harrison, le fils de George, a beaucoup contribué à l'album, notamment à sa finition.

Il faut dire que l’album commence sur les chapeaux de roues avec Any Road, au tempo rapide, aux riffs entrainants et au refrain en forme de proverbe chinois : « quand tu ne sais pas où tu vas, n’importe quelle route peut t’y mener ! » Cette composition magistrale suffit, à elle seule, l’écoute de l’album. La chanson suivante, P2 Vatican Blues réussit à maintenir la tendance : ce petit blues aux solos claptoniens est une gentille pique au train de vie pontificale, pleine d’humour, qui rappelle que George Harrison n’était pas l’ermite sérieux que l’on aurait pu croire. L’ermite est d’ailleurs au rendez-vous dans la chanson suivante qui complète à la perfection ce brillant trio de tête : Pisces Fish est une ballade empreinte de spiritualité, bien calibrée, entraînante et mémorable.

La suite de l’album est, certes, plus classique, mais toujours agréable. Looking for My Life et Rising Sun sont de belles chansons, et l’instrumental Marwa Blues a un petit côté fantastique et planant, qui, peut-être, fait de lui un morceau décalé, mal placé dans l’album. La partie centrale de cet album est d’ailleurs composée de morceaux plus spirituels et posés, mais toujours accrocheurs.

La fin de l’album est plus originale et décalée. Jouée principalement à l’ukulélé, instrument qu’il affectionnait particulièrement, la reprise de Between the Devil and the Deep Blue Sea est une chanson entraînante et joyeuse qui fait retomber la tension établie plus tôt. C’est ensuite au tour de la guitare slide très familière aux Harrisoniens de prendre la place d’honneur avec Rocking Chair in Hawaii, parfaitement résumée par son titre. Enfin, l’album est clos par Brainwashed, écho aux chansons engagées de Harrison avec les Beatles (Taxman, Piggies) : Harrison s’insurge ici contre le lavage de cerveau que la société, l’école, les magasins, imposent à tous. Un intermède qui semble hors du temps s’oppose à l’attaque bouillante de ce rock vif par une calme et méditative prière sanscrit, Namah Parvati. Sa construction, mélange de rock et de musique indienne, n'est pas sans rappeler Give Me Love (Give Me Peace on Earth), sortie en 1973. Inde et indignation, pouvait-on rêver meilleure conclusion à la carrière d’un homme qui a véritablement émergé, en 1965, en introduisant le sitar dans le rock tout en se plaignant de se faire voler par le percepteur ?

Travail d’orfèvre, Brainwashed est finalement l’album le plus frais de Harrison, l’album d’un homme serein, accompli qui, comme le dit sa femme Olivia, est parti en paix avec lui-même et heureux. À la fois testament du père et hommage du fils, c’est pour moi, clairement, l’album à écouter, l’album à acheter et à conserver ; celui qui, au moins autant que All Things Must Pass, représente George Harrison. Pour une fois, un album posthume n’a pas été fait pour l’argent, et ça se sent.

Liste des chansons :
  1. Any Road
  2. P2 Vatican Blues
  3. Pisces Fish
  4. Looking for My Life
  5. Rising Sun
  6. Marwa Blues
  7. Stuck Inside a Cloud
  8. Run So Far
  9. Never Get Over You
  10. Between the Devil and the Deep Blue Sea
  11. Rocking Chair in Hawaii
  12. Brainwashed



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