What Is Life

All Things Must Pass, 1970
 

Succédant sur All Things Must Pass aux tons solennels et sérieux d'Isn't It a Pity, What Is Life contraste avec un grand dynamisme et un air enjoué. Grand succès populaire et commercial de George Harrison, elle ne lui était pourtant pas destinée au premier abord. Au printemps 1969, alors que les tensions avec les Beatles s'accroissent, et avant les sessions de leur dernier album, Abbey Road, George produit pour Apple le premier album de son ami Billy Preston, That's the Way God Planned It. C'est à cette époque qu'il écrit What Is Life comme il le raconte dans son autobiographie, I Me Mine : « Je l'ai écrite très vite, en quinze minutes ou une demi-heure peut-être, sur le chemin des studios Olympic, à Londres, quand je produisais un de ces albums ». En effet, malgré la longueur de l'enregistrement final (plus de quatre minutes), le texte est assez bref. Harrison en est d'ailleurs conscient, et déclara un jour : « Il n'y a pas de comparaison possible entre moi et quelqu'un qui se pose et écrit de la musique. Ce que je fais est vraiment très simple. »

Pochette du single français What Is Life
Dans plusieurs pays, notamment en France, la pochette de What Is Life n'est qu'une version tronquée et colorée en orange de celle d'All Things Must Pass. Certains exemplaires présentent une faute d'orthographe dans le nom du musicien, écrit Harisson.

Finalement, la chanson n'est pas donnée à Preston, comme l'explique son auteur : « Vu comment se déroulait la session d'enregistrement, il m'a semblé trop difficile d'entrer et de dire « Hey, j'ai écrit cette chanson pop accrocheuse » alors que Billy jouait ses trucs funky ». Les Beatles ayant pour leur part rejeté d'autres de ses compositions à la même époque, Harrison classe What Is Life sur sa pile croissante de chansons à enregistrer plus tard. Ce qui explique qu'il se soit senti, lors de l'enregistrement de l'album All Things Must Pass, « comme un constipé qui libère tout aux toilettes. »

Il s'agit d'une des premières chansons enregistrées pour le nouveau disque, à la fin du mois de mai 1970, ou début juin, avec une équipe de musiciens qui travaillera également sur Awaiting on You All, Art of Dying et Hear Me Lord. Harrison chante et joue d'une guitare équipée d'une fuzzbox, dont le son rappelle celle utilisée cinq ans plus tôt sur Think for Yourself. Il est ensuite rejoint par la basse de Carl Radle, puis par la guitare rythmique d'Eric Clapton, soutenue par les guitares acoustiques des membres de Badfinger. Jim Gordon se charge pour sa part de la batterie.

Pourtant, l'enregistrement est encore basique, et connaîtra de forts ajouts avant d'atteindre la version finale. Phil Spector utilise en effet pleinement sa technique du mur de son sur la chanson, pour le meilleur ou le pire selon les avis : dans la réédition de 2001 de l'album, George Harrison juge que certaines chansons ont été trop chargées. Si l'exemple le plus flagrant est certainement Awaiting on You All, What Is Life était peut-être parmi les chansons qu'il avait en tête à ce moment. Sont donc rajoutés les arrangements de cordes conçus par John Barham, avec qui Harrison a l'habitude de travailler depuis Wonderwall Music, mais aussi de puissants cuivres, et une multitude de chœurs enregistrés par George lui-même. Une version instrumentale publiée dans la réédition de 2001 montre éalement que l'usage d'une trompette et de piccolos avait été envisagée, donnant un petit air baroque à l'ensemble, mais force est d'avouer que le résultat n'est guère convainquant : c'est d'ailleurs ce que pensa l'auteur qui rejeta cette initiative.

Musiciens (supposés) :
  • George Harrison : chant, chœurs, guitare slide, guitare solo, guitare acoustique
  • Eric Clapton : guitare rythmique
  • Pete Ham : guitare acoustique
  • Tom Evans : guitare acoustique
  • Joey Molland : guitare acoustique
  • Bobby Whitlock : orgue
  • Carl Raddle : basse
  • Jim Gordon : batterie
  • Mike Gibbins : tambourin
  • John Barham : arrangements de cordes
  • Jim Price : trompette, arrangement de cuivres
  • Bobby Keys : saxophone

Du point de vue instrumental, la chanson est donc fondée sur son célèbre riff de guitare solo, que reprennent les chœurs, le tout étant ensuite soutenu par les puissantes orchestrations qui donnent un air massif à la composition. Les paroles font entrer What Is Life dans cette catégorie de chansons ambiguës de Harrison, comme ont pu l'être Something ou Long, Long, Long. Chanson d'amour simple, ou adressée à Dieu ? Bien des indices tendent à indiquer la deuxième lecture. Prises littéralement, les paroles pourraient être le discours d'un homme demandant à sa compagne ce que serait sa vie sans elle, et ce qu'il peut lui offrir si son amour ne suffit pas. Le sens profond de la chanson indique plutôt le rôle croissant de la quête spirituelle de Harrison dans sa vie, au point qu'il ne puisse plus s'en séparer ; mais aussi ses interrogations. La question principale de la chanson est en effet de savoir si, somme toute, Dieu a réellement besoin de cet amour, s'il n'attend pas autre chose des hommes. C'est enfin un serment d'allégance car, quelles que puissent être les attentes du divin, Harrison conclut : « Alors je ferai de mon mieux pour tout faire pour réussir ».

Le message fut il saisi par le public ? Dans le contexte d'un album aussi spirituellement chargé qu'All Things Must Pass, c'est probable. Cependant, sa double lecture lui permet de ne choquer personne, et sa tonalité pop la rend facilement accessible. Avant même la sortie du disque, il est évident qu'avec My Sweet Lord et Isn't It a Pity, la chanson est un single parfait. Sa première sortie en single se fait le 15 janvier 1971, au Royaume-Uni, en face B de My Sweet Lord. Elle sort en février suivant dans le reste du monde avec une sorte d'antithèse, beaucoup plus simple musicalement et textuellement, en face B : Apple Scruffs. Si le succès n'est pas comparable aux single précédent, il atteint toutefois le top 10 aux États-Unis, la première place en Suisse, et le top 3 dans plusieurs pays européens.

What Is Life devient une des chansons les plus appréciées de Harrison, et est incluse en 1975 sur la compilation The Best of George Harrison. Elle est également reprise par l'artiste lors de sa tournée de 1974 en Amérique et, si l'on a surtout retenu la chronique sanglante du magazine Rolling Stone au sujet de ces concerts, l'auteur Simon Leng signale qu'une des interprétations de What Is Life reçut un succès supérieur aux concerts donnés pour le Bangladesh trois ans plus tôt. Harrison l'a également interprétée lors de sa tournée japonaise de 1991.

La chanson a également fait l'objet de reprises : la chanteuse Olivia Newton-John, immortalisée aux côtés de John Travolta dans Grease, l'a ainsi reprise en 1972, atteignant le top 20 américain. La version de Harrison a aussi été utilisée dans plusieurs films, dont le plus célèbre est sans aucun doute Les Affranchis, de Martin Scorsese, grand amateur du musicien. Au fil des années, le succès de What Is Life ne s'est donc jamais démenti.

Paroles (sans les répétitions) :
What I feel, I can't say
But my love is there for you anytime of day
But if it's not love that you need
Then I'll try my best to make everything succeed

Tell me, what is my life without your love
Tell me, who am I without you, by my side

What I know, I can do
If I give my love now to everyone like you
But if it's not love that you need
Then I'll try my best to make evrything succeed

Tell me, what is my life without your love
Tell me, who am I without you, by my side
Ce que je ressens, je ne pourrais le décrire,
Mais mon amour est présent pour toi à tout moment du jour
Mais si ce n'est pas d'amour dont tu as besoin
Alors je ferai de mon mieux pour tout réussir

Dis moi, qu'est ma vie sans ton amour,
Dis moi, qui suis-je sans toi à mes côtés

Ce que je sais, je peux le faire
Si je donne maintenant mon amour à tous ceux qui sont comme toi
Mais si ce n'est pas d'amour dont tu as besoin
Alors je ferai de mon mieux pour tout réussir

Dis moi, qu'est ma vie sans ton amour,
Dis moi, qui suis-je sans toi à mes côtés



Créer un site
Créer un site