Publié en février 1979 chez Dark Horse Records (Warner Bros. Records)
Enregistré de juillet à novembre 1978
Produit par George Harrison et Russ Titelman
10 pistes, 40 minutes
Avec :
George Harrison (chant, guitares), Willie Weeks (basse), Andy Newmark (batterie), Ray Cooper (percussions), Neil Larsen (claviers), Steve Winwood (claviers)
Et la participation de :
Eric Clapton, Gayle Levant, Del Newman, Emil Richards, Gary Wright
14e position aux États-Unis, 39e au Royaume-Uni
George Harrison est l'album de la résurection pour celui qui lui donne son nom. Après une période très difficile dans les années 1970, il retrouve enfin pied. Les querelles juridiques autour de la fin des Beatles touchent à leur fin et, si les relations ne sont pas au beau fixe entre les quatre musiciens, les coups bas et mesquins semblent éloignés. Finis également les problèmes conjugaux. Harrison s'est réconcilié avec son vieil ami Eric Clapton, et a surtout rencontré la femme de sa vie, Olivia. Tous deux viennent d'avoir un fils, Dhani, et Harrison ne se considère plus que musicien à temps partiel. C'est ainsi que depuis Thirty Three and 1/3, il se consacre surtout à sa famille et ses deux grandes passions, le jardinage et le sport automobile.
Avec George Harrison, on s'éloigne des tons plaintifs du début des années 1970 et des mises en scènes travaillées pour créer une ambiance plus chaleureuse, plus proche de l'état d'esprit du musicien en cette fin de décennie. Ce changement artistique se retrouve dans le groupe réduit qui participe au disque. Loin des imposantes listes de musiciens d'albums comme All Things Must Pass ou Dark Horse, on retrouve ici une équipe constante pour chaque morceau : George à la guitare et au chant, le fidèle Willie Weeks tient la basse, comme sur tous les albums depuis 1974, rejoint par le batteur Andy Newmark et les claviéristes Neil Larsen et Steve Winwood. Se joignent également quelques musiciens pour des prises ponctuelles : Eric Clapton enregistre l'introduction de Loves Comes to Everyone tandis que le pianiste Gary Wright participe à If You Believe, qu'il a coécrite. Enfin, le percussionniste Ray Cooper fait une entrée décisive dans la carrière de George. C'est lui qui coproduira les deux albums suivants du musicien, Somewhere in England et Gone Troppo.
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Dans l'album à son nom, George Harrison se révèle plus optimiste qu'auparavant, suite à son mariage avec Olivia. |
C'est un disque assez éclectique, mais globalement calme, que nous propose cette fois-ci George Harrison. Les thèmes spirituels et religieux y sont ici beaucoup plus discrets que précédemment, bien que toujours présents. Ainsi, lorsque le disque est introduit par le très pop Loves Comes to Everyone, il est bien question ici de l'amour divin ; mais dans un message beaucoup plus viable commercialement qu'il l'était dans les disques du début de la décennie. L'amour est très présent dans ce disque : fort de son nouveau mariage, Harrison retrouve un optimisme jusque là perdu. Perle du disque, Blow Away est l'expression de cet optimisme retrouvé : après la pluie, le beau temps, il suffit de laisser les soucis s'envoler. On est bien loin de la tristesse d'un Extra Texture ou d'un Dark Horse. De même, Dark Sweet Lady et Your Love Is Forever s'inscrivent dans ces chansons d'amour profondément ancrée, expriment la joie de cette relation avec Olivia.
Le passé est pourtant aussi très présent, avec une plongée dans le monde des Beatles. Not Guilty est en effet une chanson vieille de onze ans lorsqu'elle paraît sur George Harrison : elle avait à l'origine été composée pour l'album blanc (une prise avec les Beatles, très différente dans le ton, est sortie sur l'album Anthology 3 en 1996). Dans cette chanson au climat mystérieux et feutré, Harrison y fait la liste de tout ce dont il se sentait accusé à l'époque au sein du groupe ; de ses frustrations, également, par rapport au tandem Lennon/McCartney ; bref, la chanson est aussi un témoignage des tensions dans le groupe à l'approche de sa fin. Les Beatles sont également présents dans Here Comes the Moon, clin d'oeil affiché à Here Comes the Sun, chef d'oeuvre du guitariste publié sur Abbey Road. Ici, l'atmosphère est plus acoustique, éthérée (la chanson a par ailleurs été composée sous l'effet de la drogue, à Hawaï), avec des lignes de chant rappelant les harmonies du groupe. À l'opposé, Soft-Hearted Hana est une chanson à l'esprit déjanté, dans la veine d'un Sgt. Pepper, aux effets sonores travaillés.
George Harrison est certainement un des meilleurs disques de son auteur, et un des plus homogènes. Sa tranquilité n'est troublée que par Faster hymne rock dédié aux courses automobiles dont Harrison raffole ; mais la qualité de la chanson ne nuit en rien au disque. Si le public, déçu par les précédents opus, ne s'est pas précipité pour l'acheter, la critique n'a en revanche pas mis longtemps pour reconnaître la qualité de l'album, incontournable pour les fans de son auteur.