Contrairement à l'héritage de John Lennon, l'œuvre de George Harrison a été assez peu publiée sous forme de best-of. On compte ainsi deux compilations partielles, sorties en 1976 et 1989, faisant chacune le point sur une période de la carrière de l'auteur, et un best-of définitif sorti en 2009. À cela s'ajoute un coffret regroupant six des albums les moins connus de George, et une récente sortie de prises inédites qui laisse entrevoir l'arrivée prochaine d'un projet semblable à l'Anthology des Beatles, mais cette fois-ci pour consacrée à George Harrison.
La première compilation de George Harrison a déçu le public comme son auteur. Il faut dire que ce dernier n'a pas eu son mot à dire sur le sujet. Il vient de quitter EMI (qui hébergait Apple Records jusqu'à sa disparition en 1975), a rejoint son propre label, Dark Horse, mais son ancien label a encore le droit d'éditer une compilation en vertu d'un contrat signé précédemment. Harrison n'étant plus au sein d'EMI, il n'a pas voix au chapitre.
C'est avec une certaine amertume qu'il a donc dû découvrir que sur les treize chansons du disque, sept provienne de sa carrière au sein des Beatles, comme s'il n'avait finalement pas produit assez de chansons de qualité en solo. Pourtant, All Things Must Pass à lui seul disposait d'assez de hits pour une compilation décente. On se retrouve donc avec quelques chansons incontournables enregistrées avec les Beatles (Something, Here Comes the Sun, While My Guitar Gently Weeps), que les fans ont déjà pu trouver sur les albums bleu et rouge publiés en 1973. Quant aux autres titres présentés, ce sont quelques uns des singles publiés dans les années précédentes : My Sweet Lord, Give Me Love, You, Dark Horse... Autant dire que le disque, s'il est de bonne qualité, sent franchement le réchauffé. Le public, qui boude depuis quelques années les albums de George, ne répond donc pas présent.
Cette deuxième compilation de George, bien qu'elle n'ait connu qu'un faible succès commercial, est déjà d'une qualité supérieure. Contrairement à la précédente, ce n'est pas une simple accumulation de hits faciles, mais une plongée un peu plus poussée dans la carrière de George sur une période moins connue, la période de Dark Horse Records. Got My Mind Set on You, All Those Years Ago, les hits incontournables, sont bien entendu ici, mais on retrouvera avec plaisir d'autres perles comme Blow Away et Crackerbox Palace. La sélection est globalement pertinente, et parfaite pour ceux qui n'auraient pas le courage de se plonger dans les cinq albums recouverts ici.
Mais là où le disque innove véritablement, c'est avec trois chansons inédites de cette période : Poor Little Girl, Cockamamie Business et Cheer Down, des créations bien montées qui complètent un disque de qualité. Cette dernière chanson peut par ailleurs être écoutée en version live sur le Live in Japan de 1992. L'album reste par ailleurs trouvable à un prix plus que décent sur les sites de vente en ligne.
Ce n'est plus d'une compilation qu'il est question ici, mais d'un véritable tir d'artillerie lourde pour ravir le cœur de tous les fans de George Harrison, qui est tiré moins de trois ans après sa mort. Ce sont pas moins de six disques qui sont publiés ici, les six édités par le label Dark Horse, Thirty Three and 1/3, George Harrison, Somewhere in England, Gone Troppo, Cloud Nine et Live in Japan. À l'exception de Cloud Nine, ce sont des albums méconnus et peu réédité, et le fait de les ressortir est déjà, en soi, un événement. Que la ressortie soit accompagnée d'une remastérisation très appréciable améliore encore la chose. Qui plus est, chaque disque se voit attribuer une chanson bonus, généralement des prises alternatives et plus accoustiques de chansons.
Des DVD apportent des bonus vidéo, notamment les clips de la plupart des singles de la période, particulièrement travaillés et souvent drôles, dans la pure veine du travail de George avec les Monty Python. Bref, le coffret, fort luxueux, vallait le coup. Il est toujours trouvable de nos jours... à condition d'y mettre le prix ! À noter également que les différents albums ont aussi été vendus séparément.
En 2009 est sortie l'ultime compilation de George Harrison. Enfin, pourraît-on dire : il est en effet étonnant que les labels ne se soient pas mis à l'œuvre dès l'annonce de sa mort en 2001. On peut en attribuer le mérite à sa veuve Olivia, qui gère l'héritage de son mari avec un soin et un respect du public que l'on aurait aimé voir après la mort de John Lennon.
Sous un visuel travaillé, l'album fait le tour de toutes les grandes chansons de George. On trouve cette fois-ci moins de hits attendus, et plus de chansons méconnues, comme The Ballad of Sir Frankie Crisp (Let It Roll), qui donne son nom à l'album. S'y ajoutent également trois chansons de la période Beatles, tirées de l'album Concert for Bangladesh. On trouve enfin des quasi-inédits : Cheer Down fait son retour, tandis qu'est ajoutée une chanson originellement interprétée par Bob Dylan, I Don't Want to Do It, composée pour la bande originale du film Porky's Contre-attaque.
Symbole de la qualité du disque, il s'agit de l'album de George le mieux classé au Royaume-Uni depuis... Living in the Material World, en 1973 !
Nous sortons ici des compilations classiques pour rentrer dans la catégorie des bootlegs officiels, à l'image des albums Anthology produits par les Beatles en 1995/1996. C'est à l'occasion de la sortie du film de Martin Scorsese George Harrison: Living in the Material World que sont ressorties une dizaine de prise inédites datant du début des années 1970.
Sur les dix chansons présentées ici, six sont préparatoires à All Things Must Pass, et une à Living in the Material World. Woman Don't Cry for Me est pour sa part très éloignée de sa version finale, publiée en 1976 sur Thirty Three and 1/3. Deux chansons, enfin, sont de purs inédits. Mama You've Been on My Mind est une chanson de Bob Dylan ici reprise de façon élégante et charmante sur un air de folk. Plus surprenant, Let It Be Me est une adaptation en anglais d'une chanson de... Gilbert Bécaud, Je t'appartiens. Tout l'album est dans tous les cas rafraîchissant, simple et pur. Le titre suggère que d'autres volumes suivront : je les attends avec une impatience non dissimulée !
Il aura fallu attendre 10 ans après le précieux coffret The Dark Horse Years pour que les premières années de la carrière de George Harrison sous le label Apple soient enfin réunies dans un même coffret de type similaire. La continuité entre les deux se retrouve jusque dans la forme identique des emballages, celui-ci présentant une photographie d'un George évidemment plus jeune. Si All Things Must Pass et Living in the Material World avaient bénéficié d'un lifting au début des années 2000, les quatre autres disques trouvent ici une nouvelle jeunesse avec leur première remastérisation.
L'idée qui guidait Dhani Harrison, chargé de la compilation, était en effet de faire redécouvrir les albums méconnus de son père. Dark Horse et Extra Texture retrouvent ici leur première jeunesse, et c'est fortement positif car ces disques gagnent énormément à être connus. Des versions inédites de chansons, ainsi que la première publication sur CD de la face B I Don't Care Anymore ainsi que de la version studio de Bangla Desh complètent l'ensemble. Il faudra en revanche être un amateur plus averti pour se délecter de Wonderwall Music, ttrès belle anthologie de musique indienne, qui propose ici en bonus une version instrumentale de The Inner Light. Enfin, le très expérimental Electronic Sound vaudra surtout pour sa belle pochette. L'ensemble est accompagné d'un DVD contenant notamment des clips d'époque, mais aussi d'un petit livre illustré de photos inédites. Notons enfin qu'il se vend (pour l'instant !) pour 75€, à une époque où un album classique en coûte déjà une vingtaine. Un investissement de choix, donc !