Live in Japan


Ah ! Ah ! Mister Bush !

 
Live in Japan

Live in Japan

Publié le 10 juillet 1992 (US) et le 13 juillet 1992 (UK) chez Dark Horse Records (Warner Bros.)
Enregistré en décembre 1991 en tournée au Japon.
Produit par George Harrison sous le pseudonyme double de Spike et Nelson Wilbury (ses deux pseudonymes au sein des Traveling Wilburys)
19 pistes, 87 minutes (2 disques)

Avec :

George Harrison (guitare, chant), Eric Clapton (guitare), Andy Fairweather-Low (guitare, chant), Greg Phillinganes (clavier, chant), Chuck Leavell (clavier, chant), Nathan East (basse, chant), Steve Ferrone (batterie), Ray Cooper (percussions), Tessa Niles (chant) et Katie Kissoon (chant, tambourin)

126e position aux États-Unis, 15e au Japon

George Harrison en live, c'est un peu l'espoir déçu des fans. Depuis les derniers concerts des Beatles en 1966, il faut se battre pour le voir sur scène. Pour tout dire, depuis leur séparation, et à part Paul McCartney qui a tourné régulièrement, les Beatles en solo n'ont que peu foulé les planches. John Lennon n'aimait tout simplement pas ça et ne l'a fait que pour des concerts de protestation et... suite à un pari perdu avec Elton John. Quant à Ringo Starr, il a joué les grands absents jusqu'en 1989, date à laquelle il part sur les routes avec son All-Starr Band. Depuis, il ne les quitte plus et, si ses performances n'ont pas grand chose à voir avec les titanesques shows de McCartney, elles rencontrent un succès honorable. Face à ce manque de Beatles sur scène dans les années 70 et 80, le public ne manquait de bondir sur chaque occasion de revivre la Beatlemania, au grand dam de George qui ne voulait qu'une chose : tirer un trait sur cette partie de son existance. Le résultat en est simple : sa tournée de 1974 est un échec cuisant, le George voulu par le public étant à des lieues de celui qu'il est. Depuis, il n'est plus revenu sur scène.

George au Japon
La tournée japonaise de 1991 est la deuxième et dernière tournée de George en solo.

En 1991, la situation est différente. George est fort de son album Cloud Nine, plébiscité par la critique quatre ans auparavant. Plus encore, son escapade entre amis sur les disques Traveling Wilburys a été très bien perçue, à raison. Bref, George est heureux et ne se prend plus la tête. Tellement plus qu'il ne refera plus d'album de son vivant, réservant tout son matériel pour le merveilleux Brainwashed. Au point de partir en tournée ? Pas sûr, mais un élément déclencheur change tout. En 1991, Eric Clapton, l'ami de toujours ou presque, est meurtri : son fils de quatre ans, Conor, s'est tué en tombant d'une fenêtre. Pour oublier son chagrin, Clapton propose de partir en tournée, loin, avec Harrison. Le groupe est bon, le public japonais habituellement calme... l'ex-Beatle accepte.

La tournée est évidemment un franc succès. À tel point que les albums de George sont réédités au Japon pour l'occasion et se vendent comme des petits pains. Les concerts se succèdent, George se détend... Un projet d'album live flottant dans l'air, un enregistrement est produit. On ne sait que peu de choses de lui : ni la date, ni le lieu. Toujours est-il qu'il est là. 19 pistes réparties sur deux disques, grand témoignage de ces concerts (les chansons d'Eric Clapton ont été coupées au montage pour d'obscures raisons qui n'appartiennent qu'aux maisons de disques...). C'est là leur valeur : avec le Concert for Bangladesh, où il ne chante que quelques chansons, voici un des rares échantillons de George Harrison en concert. L'album est très rare à l'époque, édité à petite échelle, il n'entre que très loin dans les charts américaines. C'est évidemment au Japon qu'il connaît un vrai succès. Malgré une réédition en 2004, cela reste un disque assez collector.

Du point de vue du contenu, on a sans surprise un honorable best of de Harrison, toutes périodes confondues. Tout y est. Taxman, Something, While My Guitar Gently Weeps, Here Comes the Sun pour la période Beatles, My Sweet Lord, What Is Life, Give Me Love, All Those Years Ago, Got My Mind Set On You pour la période solo. Tout cela est assez consensuel et ne prend pas de risques, mais après tout, pourquoi s'en priver puisque les chansons sont bonnes ? Les enregistrements sont assez proche des originaux, malgré un certain manque de peps. Sans aller jusqu'à dire, comme certains critiques, qu'on a affaire à un orchestre de bal, il est certain que le groupe n'a pas poussé le tempo bien fort sur la plupart des chansons. On est loin de la dynamique d'un concert de McCartney. Restent des originalités : Something s'éloigne de la version d'origine, avec des solos très claptoniens en ouverture. Petit clin d'oeil amusant : Taxman a été remis au goût du jour. Exit les ministres des années 60, bienvenue à George Bush et Boris Eltsin parmi les hués.

Dire que l'ensemble est inattendu serait cependant trop s'avencer. On trouve également Cheer Down, chanson assez peu connue que Harrison a interprétée pour une bande originale. Plus surprenant, Piggies, très vibrante charge anti-bourgeoisie montre son actualité, malgré les clavecins remplacés par des claviers. Très originale également, la reprise de Roll Over Beethoven, standard de Chuck Berry que Harrison reprenait à l'époque des Beatles. La boucle est bouclée. Sans être un moment musical transcendant, le tout vaut bien une écoute, ne serait-ce que pour se faire une idée de ce que pouvait être un concert de George Harrison.




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